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     Hiver 1994/1995.
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Expéditeur Conversation
Arteaga
Envoyé le :  4/12/2020 16:02
Plume de platine
Inscrit le: 26/6/2008
De: 43° 50' 16" nord et 4° 21' 39" est
Envois: 3685
Hiver 1994/1995.



Année 1994. J'ai 45 ans. Après avoir évolué durant quelque 25 années dans l'univers militaire, j'ai changé de cap...

... totalement !

Peu après avoir croisé un SDF et assez longuement discuté avec lui, je me suis investi dans l'humanitaire.

Hiver 1994/1995.

M'occupant de mettre en place une méthode comptable pour mieux encadrer la gestion d'un centre d'Accueil "Emmaüs" pour les demandeurs d'asile, la Croix-Rouge de la Haute-Garonne m'avait confié la gérance d'un accueil d'urgence. Les méthodes sélectives et parfois arbitraires d'accueil des S.D.F dans les abris d'urgence de tous bords ne me plaisaient pas du tout. Elles ressemblaient à de l'humanitaire de simple circonstance. C'est pourquoi, peu à peu, j'ai voulu me défaire de toute contrainte et j'ai imposé ma façon de faire. Ainsi, dans un local adapté pour l'occasion et compartimenté par mes soins, j'ai accueilli dans un schéma très inhabituel qui a quelque peu effrayé les "spécialistes" de la bonne action :

- Des couples,
- Des femmes seules,
- Des hommes seuls ...
- Et surtout, les animaux de compagnie de ces SDF.

J'ai également été plus tolérant au sujet de l'alcool. Car nul autre abri n'accueillait les SDF alcoolisé et pourtant, qui pourrait se croire capable de sevrer un alcoolique... juste pour les quelques heures d'une nuit.

J'ai donc administré cet accueil d'urgence, mais à ma façon. Car de petits règlements m'avaient interpellé et je ne pouvais me résoudre à respecter. Comme ceux-ci :

- horaires d'admission : entre 18 et 19 heures, pour les demandeurs trépignant de froid dans la longue file d'attente.

* (J'ouvrais la porte d'entrée en fin d'après-midi et les occupants pouvaient entrer, ressortir, rentrer de nouveau et ceci entre 17 heures et 22 heures).

- heure de départ : 7 heures. Pour un retour très matinal dans le froid de la rue, après s'être "temporairement" réchauffé durant 12 petites heures.

* (Je ne refermais la porte d'entrée que vers midi et les occupants avaient tout loisir de déjeuner tranquillement au chaud avant de retrouver le froid de l'après-midi au-dehors).

- le contrat théorique ne donnait le droit à un SDF de revenir chaque fin d'après-midi pour être admis en ce lieu que 7 jours de suite. Après, il lui fallait rechercher un autre abri d'urgence en espérant un nouveau contrat de 7 jours et toujours, en trépignant de froid dans la longue file d'attente pour tenter de l'obtenir.

* (Dans l'abri que je gérais, chacun pouvait rester le temps qu'il voulait durant la période d'hiver. Certains sont même restés 3, 4 mois durant. Jusqu'à la fermeture complète de l'abri d'urgence en fin de cette période hivernale).

- la séparation des couples. L'une dans un quartier de la ville et l'un dans une autre partie de cette même ville.

* (J'acceptais les couples).

- le refus d'animal de toute sorte.

* (J'acceptais les animaux).

État des lieux :

Cet abri était en rez-de-chaussée. Il comprenait notamment une grande entrée servant de lieu d'accueil et indépendante des autres pièces par une porte fermant à clé. Cet endroit servait également pour animer des discussions entre moi et les occupants qui le désiraient. Ou même, juste entre eux. Dans un coin, il y avait une cafetière allumée entre 17 heures et 22 heures, puis entre 7 heures et midi. Chacun pouvant boire le nombre de cafés qu'il voulait. À cela, s'ajoutaient deux petites pièces indépendantes de deux lits chacune et au bout d'un long couloir, une très grande salle où l'on avait installé une dizaine de lits. Donc, agissant toujours à ma façon, j'ai réservé la très grande salle pour les hommes et j'ai destiné l'une des deux petites pièces à une femme seule avec son chien et l'autre à un couple. Petite précision, ces deux pièces étaient équipées de solides verrous. Pour rassurer tout le monde et... j'ai accepté 4 autres chiens appartenant à certains de ces sans-abri occupant la grande salle et tout passé sans problème.

Autre écart que je me suis autorisé. Celui-ci était plus grave et plus risqué :

- Tout abri d'urgence refuse l'entrée aux SDF en état d'ébriété. Oubliant que l'alcoolisme, autre qu'une dépendance, est considéré comme étant une maladie par nombre de médecins. Lesquels affirment que l'alcoolodépendance n’est pas un “manque de volonté” ou un “défaut de caractère”, mais qu'il s’agit bien d’une maladie grave, progressive, chronique et terminale. Mais dans un premier temps, je demandais tout de même de vider les sacs de leurs "nombreuses" bouteilles. Pour les ranger dans un placard fermé à clé, situé dans le bureau du lieu d'accueil et fermant lui-même à clé. Ceci, afin d'éviter des nuits arrosées trop bruyantes et souvent sujettes à des bagarres.
- Mais, dans un second temps, j'autorisais chaque matin au réveil, un verre de vin pour ceux qui étaient en véritable état de manque et préféraient sortir dès l'ouverture sans prendre le temps de déjeuner. Pour foncer dans le froid prendre leur "médicament à 12°5" que je leur avais restitué. Imaginer pouvoir sevrer un alcoolique chronique en seulement 24 heures est une utopie pleine de danger pour l'individu concerné.

Contre toute croyance des autorités humanitaires qui m'ont employé, tout a parfaitement fonctionné. Suite à quoi, des responsables de la Croix-Rouge ont évoqué l'idée de poursuivre dans cette voie. Mais ils n'ont fait qu'évoquer !

Car l'hiver suivant, tout est rentré dans leur "ordre". Les femmes dans un foyer pour femmes, les hommes dans un foyer pour hommes, les couples bien séparés pour avoir droit à une nuit au chaud chacun de leur côté, les animaux attachés à la grille du dehors... et l'état d'ébriété, condamné à s'évaporer ailleurs qu'en ces abris d'urgence.

Ceci n'est qu'un résumé, pour tenter de faire comprendre ce que j'ai voulu exprimer au travers des textes qui suivent. Dans une autre rubrique, je m'étendrai plus longuement sur ce que je nomme "les trusts humanitaires". J'en parle avec l'expérience d'un peu plus d'une douzaine d'années passées à œuvrer pour différentes associations humanitaires. Humanitaires vues de l'extérieur, mais pas toujours baignées d'humanisme à l'intérieur.

Année 2020, rien n'a changé … et pour les années qui viennent, trop peu d'espoir !




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« La vie n'est supportable que si l'on y introduit non pas de l'utopie mais de la poésie (Edgar Morin) »
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dolores
Envoyé le :  4/12/2020 20:16
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 24/8/2009
De: france : 06 Alpes-Maritimes
Envois: 34146
Re: Hiver 1994/1995.
Dur ...


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ZAGHBENIFE
Envoyé le :  6/12/2020 17:49
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/11/2015
De: ALGER
Envois: 33671
Re: Hiver 1994/1995.
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